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Tant que je me souviens...
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21 décembre 2006

La traversée...

Pris dans l’élan j’ai oublié - il était temps que j’écrive tout ça - le mois d’août qui a suivi l’épopée désastreuse à St Jean-de-Luz du mois de juillet (voir : Les filles).

Comme je l’ai expliqué, ma voisine d’en face, la trompeuse du mois de juillet, avait programmé de passer le mois d’août en Angleterre, dans une famille, et j’avais convaincu ma mère qu’un séjour linguistique me ferait le plus bien grand bien. En juin, ma voisine avait donc secrètement demandé à sa famille anglaise de lui trouver une autre famille d’accueil pour son cousin, moi, évidemment dans le même village. C’était près de Brighton. Naturellement, le « drame » de juillet m’avait fait redouter ce mois d’août, à passer avec une fille dont j’étais fou et qui venait juste de devenir une ex.

Mais, rentrée de ses vacances je la revis, bien sûr, car son « maître nageur », coup classique, n’avait été en fait qu’une distraction. Tout de suite je suis retombé dans le filet, trop content qu’elle daigne encore s’intéresser à moi. Donc, le séjour en Angleterre se présentait, à nouveau, comme un grand moment de bonheur.

Tout ça en très peu de temps puisqu’elle était rentrée le 31 juillet et que nous repartions vers le 2 août.

Mon copain Alain avait décidé de m’accompagner jusqu’au Havre, en train. Ma voisine, elle, était emmenée en voiture par ses parents. Arrivés au Havre, nous craignions, bien entendu, d’être vus par les parents de ma voisine car il faut rappeler qu’ils n’étaient pas au courant de ce micmac ; ma mère non plus d’ailleurs.

La foule, sur le quai, était immense. On essayait, fébrilement, de les trouver. Soudain, je les vis. Le but était donc de se cacher derrière les autres gens tout en s’approchant de la passerelle d’accès au bateau. Ma voisine était déjà montée lorsque on s’est retrouvés tous les deux au pied de

la passerelle. Comme

nous étions à découvert, je me cachais derrière Alain dans la montée ce qui était plutôt comique quand on connaît nos deux gabarits. Les parents n’ayant d’yeux que pour leur fille qu’ils cherchaient sur le pont nous pûmes y arriver, sans être découverts.

C’était la première fois que nous posions les pieds sur un bateau aussi gigantesque. Curieux, on a voulu voir comment était l’intérieur. Alors on a visité, des couloirs, des salles de restaurant immenses, une salle de concert ! Il y avait même des ascenseurs comme dans les grands magasins. On était ébahis. On marchait vite pour en voir le plus possible avant le départ du bateau car il n’avait jamais été question qu’Alain fasse la traversée sauf que, le bateau est parti… On s’en est rendu compte en remontant et en voyant les quais au loin.

Stupéfaction ! Que faire ? J’avais mon billet mais Alain n’avait même pas un sou sur lui.

Bien sûr nous avons été contrôlés. On a expliqué que la présence d’Alain était une erreur et qu’il n’avait jamais demandé à voyager sur ce bateau, qu’on était pauvres, etc, mais le contrôleur n’a rien voulu savoir. Il a donc fallu que j’achète un billet aller et retour avec mon argent de poche du mois. Je crois me souvenir que tout y est passé, ou presque. On a retrouvé ma voisine qui a été bien sûr d’abord été suffoquée de le voir mais a finalement ri, avec nous, de cette aventure.

Arrivés à Southampton nous avons débarqué sur le quai, complètement perdus. Que faire, là encore ? Le bateau de retour était prévu le lendemain. On n’allait pas rejoindre nos familles et laisser mon copain tout seul ! Alors on a erré dans la ville, acheté quelques victuailles dont un melon, bizarre. J’aperçus une taverne bien anglaise. Il y avait un piano ; j’ai demandé si je pouvais en jouer. Le patron accepta et une grosse ambiance s’ensuivit. Les gens étaient ravis et on nous offrait des pintes de bière à volonté. Tard dans la soirée on est repartis sûrement en titubant et alors nous nous sommes posé la question de savoir où dormir. L’hôtel pas question. On a marché sans trop savoir où aller et nous nous sommes retrouvés sur une falaise. On s’est assis, on a parlé, rigolé, puis on a passé une nuit blanche. Quand le jour s’est levé on a été émerveillés par un spectacle que nous n’avions jamais vu auparavant.

Nous avons accompagné Alain jusqu’au bateau, lui avons fait des adieux émouvants, je crois qu’il aurait donné beaucoup pour rester avec nous… Et les deux « cousins » sont partis vers leurs familles respectives.

Celle de ma voisine était simple, le père était postman, ils vivaient dans une maison à bowindow, typiquement anglaise, identique à toutes les autres maisons de

la rue. L

’intérieur était très propre, astiqué, et j’étais fort intrigué par les fausses bûches à gaz posées dans la cheminée.

Le père était très gentil, souriant, aimable et était mort de rire dès que j’essayais de parler sa langue. Comme il travaillait le dimanche pour

la Croix Rouge

ou l’Armée du Salut, il avait un uniforme de général Sud Américain. La première fois que je l’ai vu je n’ai pas pu m’empêcher de partir d’un fou rire interminable. Lui riait aussi, il était vraiment gentil…La mère était une grande femme, beaucoup plus grande que son mari. Ils avaient un fils, genre nigaud de notre âge. Il m’avait sidéré quand il nous dit qu’il avait finalement quitté sa girl friend pour sa moto car il ne pouvait pas financièrement assurer les deux.

Ma famille à moi se résumait à un vieux garçon très maigre, très pâle, l’air malade, ne souriant jamais, lui. La nuit je n’étais pas rassuré…

J’étais donc tout le temps chez ma « cousine » ou je prenais souvent les repas.

Un soir, le garçon de la maison nous a emmené dans une party, surprise !

Les autres jeunes étaient comme lui, laids, habillés avec des costumes bon marché, couverts de boutons, et pas seulement sur les costumes…J’étais rassuré.

Ils mettaient des disques anglais, bien sûr, que j’adorais d’autant plus qu’ils n’étaient pas encore sortis en France. Ainsi, je suis tombé sur un 45 tours, qui venait de sortir, avec la photo de quatre gars chevelus pour l’époque, avec un nom bizarre : les Beatles. Je l’ai mis sur l’électrophone et pour la première fois nous avons, même les anglais présents, entendus ces quatre « voyous». Ce devait être « A Hard Day’s Night » ou « Drive My Car ». Un vrai choc !

On essayait une sorte de danse molle les bras ballants comme si on passait la paille de fer avec nos pieds. Il faudrait pouvoir revoir ça aujourd’hui !

Le mois passait ainsi sans histoires jusqu’au jour où la mère d’accueil de ma voisine est entrée dans sa chambre, les bras chargés d’une grosse pile de linge, et nous a surpris… assis mais pas comme des cousins. Shocking !

On a été virés et envoyés chez une vieille dame qui habitait, seule, dans une grande maison.

Je n’ai jamais compris la démarche et ne savions pas si la dame était au courant mais ma trouille était que ils écrivent à nos parents pour annoncer le pot aux roses, on a passé le reste du mois à attendre le retour redouté. Dieu merci, nos parents respectifs n’en ont jamais rien su, ou bien n’ont-ils jamais voulu en parler ?

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