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Tant que je me souviens...
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30 avril 2007

Mes débuts professionnels

A la sortie de cette école, j’ai travaillé avec Danyel Gérard. J’étais son « collaborateur ». Période amusante car pleine de nouvelles idées, dans le domaine de l’audiovisuel surtout.

Il s’était associé avec un ingénieur de la télévision et le propriétaire du seul studio vidéo. A l’époque, la vidéo était en noir et blanc, matériel archaïque, gros magnétoscopes Ampex, régies et consoles de mixage bricolées, caméras reliées aux magnétoscopes.

Les compères avaient fabriqué et réuni des outils de production inédits : un car de reportage installé dans un tube Citroën (camionnette en tôle ondulée) et, entre autre, des caméras portables reliées à de lourds magnétoscopes portés en bandoulières.

Forts de cet arsenal, nous cherchions tous azimuts comment l’exploiter, alors on inventait.

Grâce aux relations de Danyel, nous avons réussi à monter des opérations inédites en dehors de celles de la télévision française. Pour le premier anniversaire du Centre Commercial de Parly 2, nous avons installé 80 téléviseurs, un plateau de tournage et des caméras de reportages, pendant une semaine. Sur le plateau, Michel Drucker recevait les stars de l’époque, dont Julien Clerc. Des interviews étaient mixées en direct depuis le car et retransmises sur les écrans répartis dans tout le centre. On n’avait jamais vu ça. C’était une première.

Et puis il y a eu le Rallye de la Vallée des Gaves. Jacques Chancel organisait, chaque année, un rallye automobile d’une semaine pour les stars autour d’Argelès Gazost dans les Pyrénées. J’étais descendu de Paris avec la Mercedes de Danyel pour organiser l’opération aux côtés de Jacques Chancel. Je vivais une grande aventure dans le luxe et le confort. Au passage, je me suis arrêté dans la ferme creusoise de mon enfance pour leur montrer la belle voiture. Je leur ai même fait faire un tour, tous entassés, les jeunes et les vieux. Je faisais des effets d’accélération et tout le monde hurlait dans un mélange de joie et de terreur.

Arrivé à Argelès, je me suis démené pour organiser la couverture vidéo de l’événement. Je dînais avec des gens connus, j’ai un peu oublié qui mais je me souviens de Raymond Souplex, l’inspecteur Bourrel des Cinq Dernières Minutes, qui a bien rigolé quand ma chaise s’est effondrée sous moi et que je me suis retrouvé assis par terre. Il y avait aussi des sportifs de l’époque et des chanteurs. L’opération fut une vraie réussite. Le rallye était filmé depuis une moto (comme le Tour de France) et, chaque soir, nous retransmettions les images à partir du tube Citroën couvert d’écrans de télévision de chaque côté. Ca non plus on ne l’avait jamais vu. Jacques Chancel était ravi et me considérait comme un vrai professionnel efficace. Venant de lui, ça me remplissait de fierté car, il faut le rappeler, il était à l’époque une des stars de la radio avec son émission Radioscopie sur France Inter.

Il voulait que je travaille avec lui sur un projet d’émission pour la télévision, Le Grand Echiquier. J’ai refusé pour ne pas laisser tomber Danyel Gérard.

Ma vie n’aurait pas été la même si j’avais accepté…

Enfin, le clou fut l’inauguration de la Maison du Limousin, boulevard Haussmann, à Paris.

Danyel avait rencontré Patrick de N. et ils avaient conclu une opération audiovisuelle pour cette inauguration. Patrick était un type incroyable doté d’une énergie peu commune. Il aimait les gens, être entouré et ne connaissait aucune limite. Originaire de Limoges, on lui avait confié la direction de cette future Maison du Limousin. Pendant toute la période de préparation et d’aménagement, j’ai vécu dans un tourbillon de déjeuners, dîners et soirées dans les meilleurs restaurants de Paris et les boîtes de nuits à

la mode. Il existait un restaurant, rue de Berry, Les Trois Limousins. On y mangeait une viande extraordinaire, entourés de photos encadrées d’énormes bœufs primés et médaillés. Ils avaient installé un bœuf empaillé dans la vitrine du restaurant. On était une vingtaine en permanence, des journalistes surtout, invités par Patrick. Il n’était pas question de refuser, d’ailleurs qui en aurait eu envie, car Patrick était capable de vous faire décommander un rendez-vous avec le Pape juste pour un dîner avec lui.

L’inauguration fut grandiose. Patrick avait loué, pour l’occasion, les salons de l’Hôtel Intercontinental mitoyen. J’avais installé des caméras dans la maison du Limousin et des écrans dans les salons de l’hôtel et sur le trottoir. Patrick avait invité le Tout Paris et le Tout Limoges, d’ailleurs à voir le monde il avait dû inviter tout Paris et tout Limoges. Il avait même loué un train entier pour les Limougeauds. Jacques Chirac, Secrétaire d’Etat à l’Agriculture, présidait officiellement l’inauguration.

La foule vêtue de la tenue de soirée exigée se bousculait pour attraper les assiettes de foie gras en porcelaine, de Limoges bien sûr, que chacun pouvait emporter, à volonté. Le tout accompagné du meilleur champagne. Bref, la soirée fut grandiose.

Moi qui n’étais pas habitué à un tel luxe j’étais fasciné et me sentais loin de la rue de Romainville de mon enfance. J’aimais bien ce monde où les femmes étaient belles et chaleureuses. Pendant que leurs maris parlaient affaires dans le brouhaha ambiant je les regardais, une coupe à la main, elles me souriaient longuement et me regardaient aussi avec des yeux pleins de promesses. Mais voilà, j’étais malade comme un chien, j’avais 40 de fièvre, donc malheureusement les promesses n’ont pas été tenues.

Je suis rentré chez ma mère, elle a appelé un médecin d’urgence car je délirais. La fièvre tombée, je découvris le médecin assis sur mon lit qui attendait les effets de la piqûre.

 C'était une jeune femme ravissante. Je me suis endormi en me disant que, décidément, la vie était devenue bien belle, à part pour les gens de Limoges qui ont été effarés par le coût astronomique de la création et de l’inauguration de leur Maison du Limousin.

Patrick ne comprenait pas qu’on l’ait remercié et, en plus, sans le remercier.
Il avait pourtant atteint son objectif puisque la presse avait beaucoup parlé de la Maison du Limousin.

Très vite regonflé à bloc, il mit en place une nouvelle structure au sein du très officiel Comité Français des Expositions. Il avait réussi à convaincre les très sérieux membres du conseil d’organiser une exposition itinérante en Afrique pour présenter et promouvoir les produits français. Composée de 80 semi-remorques aménagés en stands, l’exposition devait sillonner toute l’Afrique Noire pendant un an. C’était une opération énorme et géniale. On devait être en 1971 et le Président de la République était Georges Pompidou. Sa femme Claude patronnait l’opération.

J’étais engagé sans savoir pour quoi faire d’ailleurs mais Patrick avait tenu à ce que je fasse partie de l’aventure. Nous étions installés avenue Franklin Roosevelt dans les somptueux bureaux du comité.

Avec son énergie débordante, Patrick remuait et impliquait les politiques et les industriels. Il commençait à faire aménager les camions en stands, contactait les entreprises et tout le monde voyait ça plutôt d’un bon œil. Mais voilà, quelqu’un, un jour, lui dit :

« Tu crois que ces énormes camions pourront circuler sur les pistes africaines ? »

La question était bonne et a même provoqué une grande inquiétude parmi l’équipe tout à coup désemparée. Sauf pour Patrick qui, sans reprendre son souffle :

« On va aller voir, Alain (moi), Machin et Truc, vous partez en reconnaissance avec mon père, colonel de la Légion à la retraite dans deux Méhari. Machin, commande les Méhari, prévois des pièces de rechange. Machine, contacte les ambassades de tous les pays. Truc, réserve 5 billets d’avion en 1ère pour Abidjan, 5 chambres à l’hôtel Ivoire on part dès que les Méhari seront arrivées là-bas. »

Voilà c’était réglé. Là où quelqu’un de normal se serait paniqué, Patrick avait immédiatement trouvé une solution. Mais ce n’était pas gagné…

Nous sommes donc partis pour un tour de l’Afrique en Méhari...

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Commentaires
F
merci pour la suite!
Tant que je me souviens...
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