Mon nouveau copain
Réveillé par cet événement, je regardais ce futur
« camarade » et lui trouvais une tête originale et même intéressante.
"Mes enfants, je vous présente Alain K. votre nouveau camarade, je compte sur vous pour l’aider à s’intégrer…."
Il s’assit à la seule place libre, côté de moi. Comme j’étais au fond de la classe on a pu, très vite, se présenter sans déranger le prof qui avait repris son cours.
"Je viens d’Angleterre" me dit-il
"J’ai déjà fait une première et je suis parti à Londres où j’ai bossé pendant un an comme barman dans un pub".
Ca m’a bluffé.
« Je m’appelle K. mais en fait c’est pas mon vrai
père. Ma mère avait épousé ce monsieur qui n’avait rien à voir avec elle. Prof
de géographie, il était rigide et austère, protestant convaincu. Elle, ne rêvait
que de théâtre et de cinéma. Elle avait joué un rôle dans un film et faisait
partie de la troupe de Fernand Ledoux, comédien réputé de l’époque.
Cela ne plaisait pas à son mari qui y voyait un risque car
elle était jolie et avait une belle allure. D’ailleurs il avait raison car en
44 elle partie jouer avec la troupe au Maroc et tomba folle amoureuse d’un autre
homme, professeur d’anglais fin et plein d’humour.
Lorsqu’elle rentra de sa tournée, elle annonça à son mari qu’elle était enceinte mais pas de lui.
Ils avaient déjà eu deux enfants, un garçon et une fille. Ce fut bien sûr un drame mais ce monsieur réagit avec dignité et m’accepta à condition que je porte son nom. Mon vrai père était lui aussi marié donc cet arrangement était le moins pire."
Alain naquit donc et fut élevé pendant 7 ans avec ses frères et sœurs et le monsieur K. le considéra toujours comme son fils. Mais la maman n’arrivait pas à oublier Pierre, son amoureux. Elle finit donc par quitter son mari et partit vivre avec lui en emmenant Alain, mon nouveau copain. Elle eu un autre enfant et vécut enfin heureuse.
Mais un drame arriva.
Un soir de mauvais temps, à la montagne, sur une route
couverte de neige et de verglas, un camion dérapa et vint percuter la traction
dans laquelle se trouvait
Le père d’Alain mourut dans cet accident.
C’était arrivé 3 ans auparavant.
J’étais très ému par cette histoire et reconnaissant à ce nouveau de se confier à moi et de me raconter son histoire.
"Si ça ne t’ennuie pas je préfère que tu m’appelles
par le nom de mon vrai père"
Quand il m'a eu dit son nom je lui répondis :
"D’accord, je dirai aux autres qu' en fait tu t’appelles Alain Souchon."