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Tant que je me souviens...
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16 octobre 2005

Mon nouveau copain

J’étais donc en première (en 1962) dans cette école de la rue des Martyrs à Paris qui essayait péniblement de « sauver » ces jeunes bons à rien de l’ignorance.

 Au cours du 1er trimestre pendant un jour d’ennui comme les autres, la porte de la classe s’ouvrit et la directrice, qui me faisait penser à Mireille du Petit Conservatoire de la Chanson, entra avec un jeune intimidé, un nouveau.
Réveillé par cet événement, je regardais ce futur « camarade » et lui trouvais une tête originale et même intéressante.

"Mes enfants, je vous présente Alain K. votre nouveau camarade, je compte sur vous pour l’aider à s’intégrer…."

Il s’assit à la seule place libre, côté de moi. Comme j’étais au fond de la classe on a pu, très vite, se présenter sans déranger le prof qui avait repris son cours.

"Je viens d’Angleterre" me dit-il

"J’ai déjà fait une première et je suis parti à Londres où j’ai bossé pendant un an comme barman dans un pub".

Ca m’a bluffé.

« Je m’appelle K. mais en fait c’est pas mon vrai père. Ma mère avait épousé ce monsieur qui n’avait rien à voir avec elle. Prof de géographie, il était rigide et austère, protestant convaincu. Elle, ne rêvait que de théâtre et de cinéma. Elle avait joué un rôle dans un film et faisait partie de la troupe de Fernand Ledoux, comédien réputé de l’époque.
Cela ne plaisait pas à son mari qui y voyait un risque car elle était jolie et avait une belle allure. D’ailleurs il avait raison car en 44 elle partie jouer avec la troupe au Maroc et tomba folle amoureuse d’un autre homme, professeur d’anglais fin et plein d’humour.

Lorsqu’elle rentra de sa tournée, elle annonça à son mari qu’elle était enceinte mais pas de lui.

Ils avaient déjà eu deux enfants, un garçon et une fille. Ce fut bien sûr un drame mais ce monsieur réagit avec dignité et m’accepta à condition que je porte son nom. Mon vrai père était lui aussi marié donc cet arrangement était le moins pire."

Alain naquit donc et fut élevé pendant 7 ans avec ses frères et sœurs et le monsieur K. le considéra toujours comme son fils. Mais la maman n’arrivait pas à oublier Pierre, son amoureux. Elle finit donc par quitter son mari et partit vivre avec lui en emmenant Alain, mon nouveau copain. Elle eu un autre enfant et vécut enfin heureuse.

Mais un drame arriva.

Un soir de mauvais temps, à la montagne, sur une route couverte de neige et de verglas, un camion dérapa et vint percuter la traction dans laquelle se trouvait la famille.
Le père d’Alain mourut dans cet accident.

C’était arrivé 3 ans auparavant.

J’étais très ému par cette histoire et reconnaissant à ce nouveau de se confier à moi et de me raconter son histoire.

"Si ça ne t’ennuie pas je préfère que tu m’appelles par le nom de mon vrai père"
Quand il m'a eu dit son nom je lui répondis :

"D’accord, je dirai aux autres qu' en fait tu t’appelles Alain Souchon."

 Ainsi commença une amitié qui dure depuis plus de 40 ans…

 

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Commentaires
A
Oh la la...! Là, c'est toi qui nous bluffe, là ! Je savais, mais sans les détails, qu'Alain Souchon possédait une histoire de famille, là tu m'en apprends une bien bonne. Chapeau ! Et que le monde est petit, comme on dit quand on s'ébaubit sans rien pouvoir dire d'autre ! En plus, je suis fan jusqu'au bout des griffes de mon chat ! Total respect, vraiment...
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