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Tant que je me souviens...
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4 juillet 2005

La période New-Orleans

Après quelques déboires scolaires je me suis retrouvé à 16 ans, en première, dans une école privée, rue des Martyrs à Paris. C’était sa première année. Elle était installée dans des appartements situés au fond d’une cour pavée. Parmi mes copains il y en avait un qui jouait de la clarinette. Son père était un ancien pianiste de jazz.
Tout de suite on a fait le projet de jouer ensemble. Il avait une petite formation dans son quartier, le 18 ème arrondissement. Le groupe répétait dans la paroisse le jeudi après-midi, il y avait un piano. L’orchestre était constitué de mon copain clarinettiste, d’un pianiste, d’un banjo et d’un contrebassiste. On a décidé que je prendrai le piano et le pianiste s’est mis au trombone. Ainsi, on a répété des airs de jazz Nouvelle-Orléans pendant des mois.
Puis on est un peu sortis, on a rencontré d’autres musiciens et le groupe s’est étoffé pour devenir une vraie formation New-Orleans : trompette, clarinette, trombone, contrebasse, washboard * en guise de batterie, banjo et piano.
On s’est appelé le Canal Street Band.
On s’approchait des années 70.
A cette époque, le jazz New-Orleans était redevenu à la mode grâce aux Haricots Rouges qui avaient fait un malheur en interprétant « Les Copains d’abord » de Georges Brassens.
Il subsistait quelques caves de jazz de l’après-guerre à St Germain des Prés. Elles reprenaient du poil de la bête avec la renaissance de ce type de jazz. On y jouait donc car notre formation avait acquis un bon niveau. On était dans l’ambiance et le cadre intact de cette période de l’après-guerre, dans les mêmes endroits où Juliette Greco, Françoise Sagan, Boris Vian…venaient passer leurs nuits. Des jazzmen célèbres venaient faire le bœuf avec nous, Claude Bolling, Claude Luter, et Mezz Mezzrow sopraniste de la grande époque de la Nouvelle-Orléans (il avait été le chef d’orchestre recruteur pour l’ensemble des établissements d’Al Capone) et d’autres que j’ai oubliés.
On progressait à vue d’œil, à force de jouer mais aussi parce qu’on était en contact permanent avec les grands. Petit à petit je devenais un pianiste correct mais je m’ennuyais malgré la vie de galas et tournées que mes autres copains m’enviaient.
Cette période a duré jusqu’après mon bac (que j’ai raté, grâce à tout ça).
J’ai quitté ce milieu car les musiciens que je côtoyais jour et nuit ne parlaient que de jazz et de leurs instruments. Leurs plaisanteries étaient lourdes or certains plaisantaient beaucoup…
J’avais envie d’autre chose…

* Les instruments qui interprétaient le jazz New-Orleans provenaient des orchestres- fanfares des blancs (style Offenbach) les noirs d’Amérique les récupéraient dans les poubelles lorsque ceux-ci, cabossés, étaient jetés par leurs propriétaires. Le Washboard était  une planche à laver grattée avec des dés à coudre, il est aujourd’hui métallique.

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Commentaires
J
Alors, cet " autre chose " dont tu avais envie, on va finir par le savoir, ce que c'était ?
Tant que je me souviens...
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