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Tant que je me souviens...
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4 juillet 2005

Les années 60

Le quotidien à Levallois, pour un garçon de 14 ans, se résumait à « traîner » dans les rues, marcher longtemps pour sonner à la porte d’un copain absent, essayer d’apercevoir une fille, la fixer et vite détourner les yeux à son premier regard, aller au cinéma du quartier, « pousser » jusqu’à la Seine grise, jouer au flipper au café du coin dans une odeur de vin ordinaire, l’unique boisson des gens au bistrot. A 19 h, heure du début des émissions, j’allumais notre téléviseur noir et blanc équipé de gros boutons pour la mise en marche et les réglages et regardais Thierry la Fronde et Ivanhoé avec Roger Moore tout jeune en Chevalier du Roi Arthur.
Les programmes étaient sérieux, je ne me souviens pas très bien mais c’étaient plutôt du théâtre classique, une grosse émission « 5 Colonnes à la Une » sur les problèmes que nous posaient les autochtones d’Algérie qui avaient la prétention de vouloir nous chasser de chez nous, encore un coup des communistes… On y voyait nos braves soldats et nos policiers rétablir l’ordre, mater les rébellions dans les campagnes et exhiber les « terroristes » vaincus. Les Algériens, entassés dans des bidonvilles, qu’on avait fait venir en métropole pour construire les grands ensembles de la banlieue parisienne, rasaient les murs ; nos parents les craignaient car, prétendaient-ils, ils avaient le coup de couteau facile.
Les pionniers de la télévision inventaient des émissions et ils le faisaient avec beaucoup de talent et d’imagination. L’une d’entre elles s’appelait « l’Ecole des Vedettes ». Le principe était de faire parrainer par une star du moment un jeune chanteur ou une jeune chanteuse. Je n’ai pas le souvenir d’avoir été enthousiasmé par ces espoirs sauf le jour où Line Renaud présenta son filleul : Johnny Hallyday. 17 ans, habillé en paillettes, très souriant et présenté, avec des petits rires par sa marraine et l’animatrice de l’émission, comme un jeune qui ne savait dire que oui et non. Lui, souriait, gêné et intimidé, et ne sachant pas quoi répondre aux questions sauf effectivement oui et non subissait cette moquerie visiblement content quand même d’être là. Et il chanta, ce fut une révélation pour moi, et pour beaucoup d’autres. Ce jeune présenté comme un nigaud, qu’on était tous devant les adultes qui ne nous apprenaient rien, se déchaînait en dégageant une vraie force et une énergie inattendues. Il chantait Killy Watch, chanson idiote dira Yves Montand mais tellement faite pour nous, et on s’est tout de suite identifiés à lui : ce qu’on a appelé les années 60 ont dû commencer ce jour là.
Très vite d’autres ont suivi, Les Chaussettes Noires en smoking et brushing, autre style moins déhanché, plus stylé et moins nerveux. Les Chats Sauvages, Dany Boy et ses Pénitents et d’autres, finalement très peu mais qui commençaient à remplir les ondes de RTL et Europe 1 pour ma plus grande joie. Je descendais le plus souvent possible au café pour écouter Killy Watch et Souvenirs Souvenirs dans le Juke Box, nouvelle machine magique qui venait d’être installée. Ces groupes s’inspiraient des chanteurs américains, Elvis Presley, Little Richard, Bill Haley et interprétaient leurs chansons tout simplement traduites en français donc ridicules mais on en avait ententdu d’autres chez les chanteurs de charme. Ce serait aujourd’hui commercialement voué à l’échec mais, à l’époque, cela devait nous les rapprocher et nous les rendre accessibles.
Bien sûr les parents détestaient, critiquaient, interdisaient, mais ils avaient perdu d’avance, la machine était en route. Pour la première fois des jeunes avaient leur propre style et qui, arrivant par les airs, ne pouvait être contrôlé ni arrêté.
Dans le 17ème arrondissement, mitoyen de Levallois, étaient installés « Les Magasins Réunis », aujourd’hui une FNAC. Ce grand magasin avait un rayon disques. Le responsable du rayon passait les nouveautés sur un électrophone. Le jour où j’ai entendu What I Say de Ray Charles je devins totalement fou. Je raclai mes poches et achetai le 45 tours. Arrivé chez moi je le passai et le repassai sans cesse. Il y avait, chez moi, un piano dont je ne m’étais jamais servi sauf pour quelques cours donnés par une mégère. J’essayai donc de jouer l’introduction de What I Say avec 2 doigts. J’ai fini par y arriver puis avec la main gauche et enfin l’accompagnement de la chanson avec les 2 mains. Cela a pris des mois mais j’étais acharné. En quelques mois l’invasion du rock américain et des adaptations françaises avait transformé notre vie.

Nous devenions autonomes des parents et de leurs goûts. Fini les opérettes et les chanteurs mielleux ou « à voix ». Il n’y avait encore pas si longtemps la chanson nous parvenait par des chanteurs des rues à qui nous jetions des pièces ou à qui l’on achetait des partitions d’Edith Piaf ou de Georges Guétary. C’était proche et loin à la fois.
Les radios avaient créé des émissions spécialement pour nous comme « Salut les Copains », des concerts étaient donnés à l’Olympia par Johnny et les autres, le rock explosait et nous émancipait. Parallèlement au rock, le blues et ses dérivés, boogie et ragtime nous arrivaient aussi. Le premier boogie que j’avais entendu venait d’un 45 tours que j’avais eu je ne sais plus comment et que je voulais absolument jouer sur mon piano nouvellement découvert grâce à Ray Charles. Nouvel acharnement pour « attraper » l’accompagnement main gauche puis la main droite. Petit à petit je me perfectionnais, essayais d’autres airs et finalement me familiarisant avec l’instrument je commençais à me faire réellement plaisir. C’était le début…

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Commentaires
J
... qui avez déposé des commentaires sur ce blog.<br /> <br /> L'auteur du blog était très fier et heureux que ce message en particulier soit presque devenu un forum de discussion sur les années soixante.<br /> Il lui restait encore beaucoup de souvenirs à raconter, mais hélas, il a disparu avant de pouvoir terminer...<br /> <br /> A partir de maintenant, les commentaires de ce blog sont fermés.
G
venez voir des groupes des années 60 le 19 avril à Champs sur marne, et du ROCKABILLY le 17 mai 2009 à Tournan en brie...<br /> Voir les flyers et inscription sur le site:<br /> http://valgeneration60.centerblog.net<br /> gegelafleur.
C
BONJOUR EN 1960 JE FAIT MA PREMIERE TOURNEE AVEC "LES CENTAURES" EN 2009 AVEC MON GROUPE "LES VINYLS" NOUS SERONS EN CONCERT LE 27 MARS 2009 AU PETIT JOURNAL MONTPARNASSE...SOIREE ENTIEREMENT ANNEES 60."SOUVENIRS SOUVENIRS" vous aimez les Chats Sauvages les Chaussettes Noires les Pirates...RETROUVEZ LE "SON" AUTHENTIQUE AVEC LES VINYLS ET LA VOIX DE FIRMIN LE CHANTEUR.VISITER NOTRE SITE ET NOTRE FAN CLUB www.lesvinyls.com le Myspacewww://WWW.MYSPACE.COM:LESVINYLS J CLAUDE
C
Gérard Blanc est décedé le 26 Janvier 2009 chez lui d'un malaise cardiaque .Il était âgé de 62 ans .
D
si vous avoir des nouvelles de danny il est en train d enregistrer un nouveau cd qui va sortir bientot son adresse saint sylveste de cormeilles dans le 27
Tant que je me souviens...
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