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Tant que je me souviens...
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1 juillet 2005

La Dauphine

A l’époque de notre installation à Levallois-Perret ma mère occupait un poste de chef comptable dans la société de fournitures dentaires où elle était entrée, 10 ans plus tôt, comme employée aux écritures. Après des années de restrictions, la vie devenait plus confortable et elle décida de passer son permis de conduire. En toute logique elle acheta sa première voiture, une Dauphine, bleu lilas.
La Dauphine était une voiture « révolutionnaire » qui venait remplacer la petite 4 Cv et possédait des amortisseurs arrières « aérostables ». Ce système était censé lui donner une stabilité à toute épreuve.

Finies les vacances en train et les locations à Mers les Bains, d’autres horizons s’ouvraient à nous maintenant, l’Espagne, l’Italie…
Pour partir vers ces destinations lointaines ma mère avait acheté une tente de camping LAFUMA 4 places, une vraie maison. A la foire de Paris on était enthousiasmés par la taille de cette tente exposée, 2 chambres, une pièce ouverte, un coin cuisine, déjà on se voyait en Espagne au bord d’une rivière ou d’un lac.
Tout était nouveau et merveilleux, la voiture, la tente, le projet de nouvelles vacances au loin et de la très longue route en Dauphine pour y arriver.
Ma mère avait aussi acheté le nécessaire de camping, réchaud, meuble de cuisine, table et fauteuils pliants, matelas, duvets…et une galerie pour le toit de la Dauphine.
Nous étions 4, ma mère, ma grand-mère, mon frère et moi.
Grande effervescence le matin du premier départ pour l’Italie, je n’en pouvais plus d’attendre.
Je me demande encore comment on a pu tout faire rentrer sur et dans la Dauphine. Je rappelle que ma grand-mère était une forte femme, elle était installée à l’arrière avec moi séparés par un amoncellement de choses. J’allais oublier que j’avais insisté pour que l’on achète un chien avant de partir. C’était un Basset Artésien Normand que j’avais repéré dans une boutique à Paris, seul dans une cage et ce que j’ignorais bien malade. Il devait avoir 2 mois et était, comme tous les chiots, irrésistible.
Nous sommes donc partis, entassés, pour l’aventure, le chien à l’avant aux pieds de mon frère. Comme il était malade (le chien) il ne bougeait pas et dormait tout le temps. On le trouvait bien sage et facile à vivre. Au fur et à mesure que l’on avançait dans notre périple, l’inquiétude grandissait. Kenny ne mangeait rien et avait la diarrhée. Dans les villes que l’on traversait notre principale occupation était de trouver un vétérinaire. Maladie de Carré, piqûres, régime…et peu de chances de le sauver. Et pourtant on l’a sauvé le toutou sauf qu’il s’est mis à perdre ses poils et s’est retrouvé avec la pelade, il était devenu horrible et ressemblait à un rat malade.
La route fut longue, nous ne dépassions pas le 90 km/h. Lorsque nous étions sur des petites routes je bassinais ma mère pour conduire. Parfois elle cédait et ainsi, petit à petit j’appris à me débrouiller au volant de la fabuleuse Dauphine.

Nous sommes arrivés en Italie après de nombreuses étapes dans des terrains de camping. Les vacances ont été merveilleuses pour moi. Je m’étais fait des copains dans le terrain où on s’était installé, ma grand-mère cuisinait comme à la maison des plats fabuleux, il faisait beau et chaud et ça aussi c’était nouveau.
Un jour que je me balançais sur mon fauteuil pliant LAFUMA j’ai embarqué en tombant en arrière, les jambes tendues, la table avec la marmite de pâtes et tout le déjeuner. Le tout a atterri sur moi et ma famille qui déjeunait tranquillement s’est soudain retrouvée sans rien devant elle, la fourchette à la main.

En dehors des vacances, la voiture était garée dans un parking non loin de la maison.
Certains jours de semaine, fasciné par cette auto si nouvelle et si stable, je me rendais, en douce, au parking et la sortais pour la tester dans les rues autour de notre immeuble. Je n’avais que 13 ans…Pour moi, cette voiture ne pouvait se retourner, elle était aérostable. Je tournais donc, à toute vitesse, autour de l’immeuble, sur des pavés plus ou moins bien joints. Comme, au fur et à mesure je devenais expert, je prenais les virages de plus en plus vite avec la voiture qui dérapait de l’arrière mais qui, effectivement ne s’est jamais retournée. Ma mère n’en n’a jamais rien su…

Comme je l’ai déjà dit, mon père avait offert à mon frère un Lambretta, scooter rival de la Vespa. Ce Lambretta était garé dans le même parking que la Dauphine. J’allais donc le chercher, lui aussi, pour faire un tour dans les rues du quartier. Le problème était que je n’arrivais pas à m’en servir. C’était un scooter à vitesses manuelles et j’avais un mal fou à passer la première, l’engin hoquetait, calait, tombait. Je le relevais péniblement et essayais de repartir. La rue du garage était longue et déserte, c’était parfait pour mon entraînement qui, vu mes difficultés, ne devait dépasser une cinquantaine de mètres. Un jour, toujours hoquetant et zigzaguant je vois arriver, au loin, un car de police. Pris de panique la meilleure solution pour moi a été d’abandonner le scooter le long du trottoir, à moitié couché par terre. J’ai donc continué à pied pendant que le car de police se rapprochait. J’étais mort de peur car à l’évidence les policiers avaient tout vu, je rappelle que la rue était déserte, pas une seule voiture en stationnement, il n’y avait que moi et le scooter. Le car est arrivé à ma hauteur mais il ne s’est pas arrêté comme je m’y attendais, il a dépassé le scooter abandonné et continué sa route. Je mes suis discrètement retourné et l’ai vu s’éloigner puis tourner au coin de la rue. J’étais sidéré mais soulagé. J’ai rentré le scooter au garage, en le poussant à la main, en roue libre. Je ne l’ai plus jamais retouché, la Dauphine non plus d’ailleurs.
Il doit il y avoir un Dieu pou les jeunes inconscients ou bien serait-ce mon voyage à Lourdes qui m’aurait protégé ? Ma grand-mère Léontine avait sûrement la réponse mais bien entendu je ne pouvais pas le lui demander.

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Commentaires
K
la daupine, moi je connais bien la porte ou la pomme ou encore la gisquette qu'a pas eu la palme de miss monde <br /> mais bon, peut-être que j'étais pas née...quoique
A
Ah la Dauphine... Moi j'ai connu la fin de cette voiture, avant la période "voiture de collection", quand elles étaient très rares dans les rues et que les gens étaient sidérés et poussaient des cris d'admiration en la voyant... J'en ai jamais conduite une, hélas. Mais je ne te félicite pas de l'avoir fait à 13 ans, cela dit !<br /> Encore merci pour cette note, ça faisait longtemps que je l'attendais :)
C
hin hin hin, c'était donc vous, jeune homme. Vous êtes cerné !
Tant que je me souviens...
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